Historique de l’abbaye
De Douai à Liège…
En 1604, Madame de Werquignoeul,
religieuse de l’abbaye cistercienne de Flines, entreprend une réforme à Douai. Elle veut revenir à une vie plus proche de la règle de Saint Benoît et pour cela abandonne la vie cistercienne pour la vie bénédictine et chose inhabituelle, avec l’aide de sa propre abbesse cistercienne ! Étonnant retournement de l’Histoire !
Et l’abbaye essaime : à Arras d’abord en 1612, puis à Namur en 1613.
Le 10 février 1626, Madame Laubegeois, abbesse de Namur, entend une voix qui lui dit « Tu feras des Scholastiques (= des Bénédictines) à Liège. » Et le 10 septembre , accompagnée d’une de ses religieuses, elle prend la barque à Huy et arrive à Liège 18 jours plus tard , en période troublée par la querelles des Chiroux et des Grignoux. Qu’à cela ne tienne, elles font tant et si bien qu’elles obtiennent de Ferdinand de Bavière l’autorisation d’ériger un monastère de Bénédictines. A deux pas de la ville, elles acquièrent une métairie où le 17 janvier 1627 s’installeront les quatre premières religieuses venant de l’abbaye de Namur. De l’autre côté du fleuve l’abbaye bénédictine de Saint Jacques, vieille déjà de six siècles, dressait sa massive tour romane et sur la colline de Saint Gilles, l’abbaye de Saint Laurent, plus antique encore et plus majestueuse.
Cellule après cellule, le monastère se construit et en 1645 les quatre cloîtres sont achevés.
Les moniales alternent prière et travail, chant de l’Office et travail artisanal: outre les soins du ménage et du jardin, travaux de broderie, de miniature, bibelots artistiques, parfums, confitures etc.
Élue en 1657 deuxième abbesse de la Paix Notre-Dame, Madame Counotte rêve d’ériger une belle église. Et pour y arriver, on travaille encore plus, notamment pour l’abbé de Saint Laurent qui a promis (sans jamais tenir cette promesse malgré l’abondance des cadeaux envoyés !) de fournir les ressources nécessaires. Dame Aldegonde Desmoulins, douée pour tous les arts et soucieuse de les apprendre à ses consœurs, va, à la demande de son abbesse, dresser elle-même le plan de l’église et devenir ainsi la première femme architecte ! Elle se fera aider pour la décoration par un sculpteur liégeois, Arnold du Hontoir et sera le maître d’œuvre des travaux. prenant soin d’accumuler petit à petit les matériaux avant d’entreprendre le gros œuvre. En août 1690 on célèbre dans l’église achevée la profession monastique d’une sœur.
Et la vie monastique se poursuit. [église]
Au XVIIIe siècle, un bel orgue, œuvre de J.B. Le Picard permet de rehausser la célébration quotidienne de l’Office divin.
[L’orgue]
Arrive la Révolution française avec tous les bouleversements qu’elle provoque dans la cité ardente. Le 14 septembre 1796, un décret supprime tous les ordres et congrégations et confisquent tous leurs biens. Heureusement Dame Constance Greck, dernière des religieuses reçue à La Paix Notre-Dame après bien des hésitations, resta au moutier avec deux autres . Elles survivent tant bien que mal et assurent la célébration de l’Office . Puis quand l’abbaye est mise en vente, elles arrachent les affiches, et en 1797 rachètent la propriété avec l’aide d’amis ; puis, pour avoir de quoi vivre, Constance Greck ouvre le 1er juin 1797, un pensionnat, ce qui lui donne pignon sur rue ! En 1822, Constance Greck obtient de Guillaume d’Orange l’autorisation de reconstituer la communauté de la Paix Notre-Dame. Elle rappelle les rares et dernières survivantes et reprend avec elles le costume et la vie religieuse.
Malgré guerres, bombardements, inondations, projet d’autoroute, tremblement de terre, en un site désormais classé, les moniales continueront à vivre la vie bénédictine dans ce qui n’est plus la campagne mais qui est devenu le centre ville, la Meuse ayant été détournée au profit d’un large boulevard.
Aujourd’hui leur école a fusionné avec celles des Jésuites ; leurs murs abritent encore une école fondamentale florissante. Les moniales s’activent dans différents domaines : l’art encore et toujours ( aquarelles, icônes, céramiques, peinture à l’huile, peinture sur porcelaine, sur soie, photos, reliure, biscuits etc.) mais aussi la catéchèse, le catéchuménat, le dialogue œcuménique, le dialogue monastique inter-religieux, la musique sacrée, la communication non violente etc… Le monastère ouvre aussi ses portes pour recevoir différents groupes en retraite ou en sessions diverses. Et, avec la grâce de Dieu, il poursuit son rayonnement dans la prière partagée avec ceux qui entrent dans leur église pour chanter avec les moniales l’Amour de Dieu incarné dans l’amour fraternel.